Le design social à la rescousse de nos fragilités
Dans les réseaux sociaux, nous ressentons souvent des vibrations et des émotions communes, affectées par notre écosystème. Le design social pourrait être une solution pour un meilleur web ambiant.
Mardi soir sur la terre ! Dernière édition avant la rentrée. Merci pour votre fidélité. Vous pouvez aussi lire ce post en anglais. Et toujours acheter mon livre pour la plage.
Notre environnement influence nos émotions. Dans une étude de 2014, les chercheurs ont répondu à une question simple : s’il pleut à Paris où je me trouve et que mon état d’esprit en est affecté, est-ce que mes amis à San Diego peuvent se sentir en conséquence moins heureux ? La démonstration était intéressante : la façon dont un utilisateur s’exprime en ligne a une fonction inhibitrice pour ses amis sur les réseaux sociaux. S’il est triste, et qu’il partage un statut allant dans ce sens, il sollicitera peut-être plus d’empathie. S’il est dans un jour exceptionnel, il pourra obtenir le soutien, les bonnes ondes de son réseau.
Un design social pour les humains
Les urbanistes ou les architectes ont très tôt compris l’importance de leurs décisions sur le “mieux-vivre” des populations. Dans Monocle, le correspondant Alexei Korolyov explique le choix de Bratislava de concentrer ses efforts sur le bien-être des enfants. Avec un principle clé : si la ville est accueillante et conçue pour les plus-petits, elle sera fondamentalement plus vertueuse pour toutes les générations.
L’expérience vécue étant de plus en plus documentée en ligne, le design social des endroits où nous vivons a directement une influence sur nos relations avec les milliers de réseaux dans lesquels nous laissons des traces, consciemment ou non. Les énormes panneaux des villes qui deviennent des fonds pour nos nombreux selfies semblent anecdotiques mais favorisent des contenus sympathiques.
Il en va de même avec les installations artistiques qui offrent la possibilité de surprendre et de se surprendre, comme le fameux “mais oui tu es belle” qui apparait un peu partout dans Paris. Ou les nombreuses fresques dans les hôpitaux pour enfants. Le béton peut devenir le canevas d’espoir.
Les endroits de socialisation donnent envie de se retrouver “IRL”, et créent des histoires positives, généreuses, pourtant intégrées dans le quotidien. C’est notamment le cas avec les échiquiers accessibles dans certains jardins, ou même des initiatives comme Paris Plage. Ou encore le renouveau des kiosques à musique pour danser près des parcs.
Habiller la ville, l’espace, pour briser le cycle de la violence en ligne
Les sanctuaires de conversation ont un impact de plus en plus grand ; ils permettent d’apprécier l’échange à l’écart du bruit des réseaux sociaux. Ou même dans les écoles de briser les logiques d’isolation et de solitude à travers les fameux “bancs de l’amitié”.
Habiller la ville, c’est une façon d’orienter son expérience, de voir plus de beauté dans l’ordinaire, et ainsi de pouvoir partager des contenus qui pourront contrecarrer la violence en ligne. La solution n’est pas miraculeuse ; en revanche le design social peut favoriser un lien social plus fort, plus construit, a contrario de plateformes numériques qui font sortir de nous des réactions épidermiques.
Et ce d’autant plus que nous utilisons toujours plus les messageries instantanées et les couches plus privées des réseaux sociaux.
Le vrai web ambiant, en somme, est un sujet politique, qui peut soigner nos fragilités.
Le chiffre de la semaine : +400%
D’après Business Of Fashion, la recherche “skin barrier” a explosé de 400% sur Google, au même moment que la requête “emotional boundaries”. Nos fragilités, ce business épatant.
Les liens épatants
- livre un essai intéressant intitulé “the end of our extremely online era”
Du côté du New York Times, Madison Kircher explique pourquoi un contenu découpé en plusieurs parties a plus de chances de devenir viral
L’excellente série documentaire Skateboard Horizon Verticale démarre sa saison 2 le lundi 29 juillet sur France.Tv. À ne pas manquer pour une perspective française du skateboard
Bon été ! Cette newsletter reviendra fin août. Mon essai “Réseaux sociaux : une communauté de vie” est toujours disponible chez vos libraires. La version anglaise “Alive In Social Media” est désormais disponible sur Amazon.
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Ton post me fait penser à un lieu où j'ai vécu un lien social entre inconnus particulièrement intense: le jardin des échiquiers du parc des Bastions, à Genève,. Des pièces à taille humaine à déplacer sur l'échiquier dans le parc. Des joueurs amusés, passionnés, de différents niveaux, des habitués et des passants... beaucoup de gens de pays et de langues differents. Une sociabilité et fragile d'où naissait une émotion particulièrement forte.