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C’est une statistique intéressante : en France, 66% des 18-24 ans ont déjà regardé une vidéo qui les transporte dans un autre endroit, et notamment des livestreams en plans fixes, qui diffusent en direct les animaux dans la nature, une vidéo de plage etc.
Le phénomène a démarré bien avant les réseaux sociaux. Le site FogCam, lancé par Jeff Schwartz et Dan Wong, proposait dès 1994 de capturer grâce à une webcam la vie étudiante sur le campus de la San Francisco State University. Un projet au début seulement toléré, qui est désormais mis en avant par l’Université, comme faisant partie de sa culture. Les raisons du succès de ces livestreams ? Un certain amateurisme dans la façon dont le contenu est diffusé, et un espoir également : que quelque chose d’inattendu ou d’inopportun se passe devant les yeux du spectateur. L’imprévisibilité a paradoxalement un côté rassurant et attrayant, tout en promettant la diffusion continue de morceaux de vie. Certains regardent bien par la fenêtre le temps qui passe après tout.
L’envie de transporter un public vers des lieux inconnus a commencé via d’autres mediums, à d’autres époques. Les premiers appareils photographiques avaient par exemple permis le transport d’images à travers le monde pour la première fois. Albert Kahn tentait dès le début du XXème siècle un projet titanesque d’empreinte mémorielle du réel en parcourant le monde, les Archives de la Planète. Des images qui montrées de façon isolée ont un intérêt peut-être limité, mais présentées de manière répétitive, “sérielle”, donnent envie d’en savoir plus, de revenir voir le projet.
Une mécanique qui se rapproche de l’obsession actuelle pour générer des contenus qui attirent des visiteurs récurrents. Une certaine “vivance” au-delà de la garantie qu’un événement spectaculairement nouveau ne voit le jour.
Le transport des contenus peut devenir très politique : en 2012, Ai Weiwei avait tenté de maintenir une installation de 4 webcams depuis son studio à Pékin en opposition à la surveillance étroite du gouvernement chinois à son égard. Une tentative en panoptique inversé, et bien porteur d’un objet, d’un message, d’une envie de déplacement ou d’affranchissement.
Le transport d’images n’est pourtant pas forcément synonyme d’évasion. L’accélération des fonctionnalités de diffusion vidéo en direct semble aussi renforcer l’impression d’une vacuité terrible : les “live” sur TikTok, en dépit de la prise de parole sur les créateurs de contenus, donnent plutôt l’impression d’un grand vide. Des gens qui se filment en direct, sans action réelle, juste ce désir d’attirer un chiffre, une audience, qui restera sans véritable propos en face d’autres personnes.
Le mot du jour : #luckygirlsyndrome
Dernière hype issue de TikTok (encore) : le “lucky girl syndrome” qui a déjà atteint 195 millions de vues en quelques jours, ainsi qu’une couverture médiatique phénoménale outre-Manche, regroupe des vidéos qui incite les gens à manifester ce qu’ils veulent obtenir. En d’autres termes une promotion de méthodes d’auto-suggestion : croire en sa bonne étoile avant qu’une preuve concrète n’apparaisse. Sauf que sous ses atours sympathiques, Roisin Lanigan décrypte avec acidité pour i-D le côté vicieux de cette tendance : qu’il suffirait que le monde s’adapte à nous plutôt que de faire l’effort de changer nos habitudes de vie. Vanité des vanités…
Les liens épatants
Une réflexion chez Nautilus sur ChatGPT, comme “miroir de notre époque”. Avec comme argument de fond : si nous sommes si inquiets qu’une intelligence artificielle réussisse mieux un essai que des étudiants, c’est qu’il faudrait peut être repenser les tâches et les devoirs donnés.
TAGWALK a révélé les grandes tendances des défilés de la Paris Fashion Week (homme). Intéressant de voir que les signaux faibles observés dans les réseaux sociaux (comme les jupes) font une entrée fracassante sur les podiums. La mode absorbe la culture.
Merci pour votre attention, je suis en retard, c’est la preuve que c’est bien écrit par moi. Ha ! N’hésitez pas à faire suivre cette newsletter :)
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