She looks like the real thing
She tastes like the real thing
My fake plastic loveRadiohead, Fake Plastic Trees (1995)
Une étude publiée le 3 janvier dans le très sérieux Journal of the American Medical Association - Pediatrics vient de prouver l’impact de l’utilisation des médias sociaux sur les trajectoires de développement du cerveau des jeunes adolescents.
La conclusion : vérifier régulièrement les réseaux sociaux engendre chez l’adolescent certains changements dans son cerveau, notamment sa sensibilité vis-à-vis des récompenses et “sanctions” sociales
tous les individus ne réagissent pas de la même manière : certains ont rapidement une forme d’accoutumance aux perfusions de likes qui va les conduire à mettre en place des stratégies adaptées aux plateformes pour obtenir des récompenses plus élevées
D’autres adolescents vont développer des comportements d’anticipation de la récompense - ou de la sanction - à venir autour des contenus postés. En fonction du stade de développement de la personne, de la saillance du contenu, l’attente sera plus ou moins anxiogène ou au contraire motivante
Les adolescents qui consultent à 12 ans leurs réseaux sociaux plus de quinze fois par jour développent une forme d’hypersensibilité par rapport aux retours ou avis de leurs pairs
L’impact des réseaux sociaux sur la plasticité neuronale et du type de rapport aux signaux des autres que nous souhaitons construire fait débat. Comme le dit Carolina A. Miranda, “sur TikTok, on ne suit pas des gens, on suit un algorithme. Ou, plus précisément, l’algorithme nous suit”. Ce qui veut dire que des très jeunes pourraient se retrouver à chercher à se construire des identités faites pour plaire à un outil qui en échange d’une bonne performance les récompense.
“Sur TikTok, on ne suit pas des gens, on suit un algorithme. Ou, plus précisément, l’algorithme nous suit”
Carolina A. Miranda
Plasticité, performance de soi dans les réseaux sociaux, réciprocité : une bombe à retardement pour le vivre ensemble ? Les écoles de la ville de Seattle ont en tout cas décidé de mener une action en justice contre Meta, Google, TikTok et Snap, accusés de créer une crise en termes de santé mentale. À suivre.
Le mot du jour : trailerization
Plasticité de la culture ! Nous sommes inondés de contenus; pour émerger, les producteurs de films ou de séries misent gros sur les bandes-annonces (ou trailers en anglais) afin de capturer l’attention des gens. L’évolution de la consommation de flux a conduit les industries créatives à changer la nature des trailers : moins de voix off décrivant le film, quasiment l’écriture d’un film dans le film. La musique étant au coeur de la stratégie marketing de ces trailers, on constate le recours à des titres déjà très populaires, finement adaptés ou mis au goût du jour, soit en enlevant certains instruments, soit en choisissant un interprète plus en phase avec les standards des audiences.
Le film The Social Network est considéré comme le premier exemple de trailerization, grâce à une version du titre Creep de Radiohead interprétée par la chorale belge Scala and Kolacny Brothers.
Ce besoin de familiarité avec un contenu et en même temps de distinction est bien connu des publicitaires - le fameux “hook”. Ce qui conduit aussi à penser que pour qu’une idée explose sur les réseaux sociaux, analyser la culture populaire du passé peut permettre d’augmenter les chances de vivance de celle-ci. La scène de danse de Wednesday par Jenna Ortega étant le dernier exemple notoire de cette technique de trailerization.
Les liens épatants
Semaine musicale décidément ! Spotify vient de lancer Playlist in a bottle, une sélection de chansons qui devrait normalement vous plaire dans le futur (2024), basée sur l’analyse de l’historique d’écoute sur la plateforme et après avoir répondu à quelques questions. L’idée de génie : cette playlist ne pourra être écoutée avant 2024. Le rapport au temps - et la gestion de l’immédiateté ou au contraire à sa rareté - est au coeur de la vivance.
D’après Baidu (un des leaders tech en Chine, connu pour son moteur de recherche), le nombre de projets de création de “personnes virtuelles” a doublé depuis 2021. Pékin a même annoncé un plan afin de transformer les employés municipaux en personnages virtuels d’ici 2025. On savait d’ailleurs que 36% des consommateurs avaient regardé un influenceur virtuel ou une célébrité digitale en 2022 d’après Kantar. La combinaison de démocratisation des usages, de réduction des coûts de création d’un personnage virtuel et l’explosion du besoin de contenus dans les domaines du service (finance, tourisme etc.) vont accélérer cette virtualisation des conversations, interactions, et échanges. Dire que la commande vocale “OK Google” est née en 2016, on voit l’incroyable accélération de la technologie.
Merci pour votre attention et j’en profite pour vous remercier : vous êtes de plus en plus nombreux à vous abonner ! N’hésitez pas faire suivre cette newsletter :)
…à bientôt !