Les écouteurs filaires : élégance et attachement contestataires
Les écouteurs filaires ont le vent en poupe. Plus qu'une revendication mode, c’est un signe manifeste contre la connexion omniprésente.
Mardi soir sur la Terre. Lettre écrite entre Cannes et Paris, sous le soleil exactement. Vous pouvez lire ce post en anglais. N’hésitez pas à partager cette lettre et à la recommander.
Les écouteurs filaires font leur grand retour. Depuis 2016, les recherches à leur sujet ne cessent de progresser. Une courbe d’intérêt à mettre en parallèle avec les réseaux sociaux qui sont devenus omniprésents dans nos vies. Et si ce retour du fil était le signe d’un ras-le-bol esthétique et sensoriel face à l’algorithmique ?
Le comeback discret des fils visibles
La mode est une usine à recycler les tendances. Les écouteurs filaires sont visibles à peu près partout dans la pop culture, et influencent les choix des directions artistiques. Jisoo, pour le lancement de Dior Backstage Rosy Glow Stick, retire dès la première séquence ses écouteurs.
Chanel dévoile en août 2024 une montre-bijou qui se porte en sautoir, la Première Sound. Un objet qui intègre des écouteurs filaires en acier.
Un compte Instagram est même dédié aux IT Girls repérées portant ces écouteurs. Autant de manifestations concrètes qu’au-delà du style, les écouteurs filaires pourraient être un signal faible de contestation.
Le silence contre l’assistance vocale
Pas d’appairage Bluetooth. Pas de reconnaissance vocale. Pas de tracking audio.
Les écouteurs filaires incarnent un usage muet, maîtrisé, non bavard technologiquement. Ils fonctionnent ou ils ne fonctionnent pas, sans passer par une interface abstraite.
À rebours des AirPods qui symbolisent l’écoute en tâche de fond, les fils reviennent comme interface d’écoute incarnée, volontaire, présente. Le petit geste pour démêler le câble, le clic physique pour arrêter ou lancer un morceau : autant d’ancrages sensoriels dans un monde fluide.
Les écouteurs filaires restent sous contrôle de l’utilisateur : son geste traduit une intention claire.
Partager ses écouteurs filaires : l’humain et l’amour
Les écouteurs filaires permettent une chose rare dans nos usages contemporains : l’écoute à deux. Une oreille chacun. Une chanson commune. Une playlist partagée sans mot, dans un bus, une cour, une chambre.
Souvenir de ces bulles adolescentes où la musique faisait lien sans avoir besoin d’écran. Un geste d’intimité quasi disparu, difficile à reproduire avec des écouteurs sans fil.
Un sabotage visuel contre l’ère du temps
Le fil dépasse l’objet pour devenir accessoire. Il pend comme un bijou. Il ramène visuellement à un monde pré-cloud, où la connexion était physique, visible, assumée.
Porter des écouteurs filaires, c’est refuser un peu de l’idéologie des plateformes : la fluidité constante est mise à mal, l’invisibilité technologique est remplacée par un “glitch” physique, la captation permanente se soumet à une usage unique des écouteurs.
Le fil devient bug, attache, grésillement. Il fait tache dans un univers designé pour être lisse. C’est un sabotage visuel et fonctionnel, discret mais puissant.
Le chiffre de la semaine : x3
D’après System1 et TikTok, des publicités produites avec des créateurs de contenus multiplient par 3 l’amélioration de la perception de l’image de marque.
Les liens épatants
Everything Millennial is Cool Again (New York Times)
La joie de partager une interview intitulée Inside Dior’s Viral Campaign: Redefining Luxury Marketing (Luxury Redefined)
A history of headphone design (SSENSE)
Iran : le Splinternet à l’épreuve de la guerre (Hors Normes)
Bonne semaine ! Mon second livre sort en octobre 2025. Si vous êtes intéressé(e) et que vous souhaitez en savoir plus : email !
N’hésitez pas à partager cette newsletter, à liker, à commenter, ou à continuer à m’envoyer des emails : ces notifications sont une immense joie ;)