Et toi ça va ?
Des jeunes Français en errance, et en recomposition. Un défi très politique. #MoiJeune
Avant cette nouvelle 13ème édition d’En Vivance, un grand merci aux quelques centaines de personnes qui ont décidé de s’abonner et de commander mon petit essai. Je suis preneur de vos retours par email ou en commentaires ! Parlez-en autour de vous, débattons !
20 minutes et OpinionWay viennent de sortir leur 12ème édition de #MoiJeune, le selfie de la jeune génération. Un baromètre clé pour comprendre les 18-30 ans en France, et l’impact des nouvelles technologies sur leurs vies.
Le constat est sans appel : la façon dont ils se définissent est une bombe à retardement. Même si les mots “perdue”, “connectée”, “désabusée”, “anxieuse” remontent fortement, cette génération se qualifie également comme radicalement “engagée”.
31% des jeunes doivent “vraiment se faire violence pour sortir de leur grotte / leur canapé”. Et de voir que les aspirations les plus profondes quand ils pensent à leur avenir sont extrêmement portés sur un mode survie. “Être en bonne santé”, “s’en sortir financièrement”, “ne pas être malheureux”, “fonder une famille et avoir des enfants” sont les items qui dépassent chacun les 30% du panel, tandis que “faire avancer la société, t’engager pour changer le monde” n’atteint que 18%, et “créer une entreprise” à peine 9%.
Ces données posent un immense enjeu pour tous les groupes tiers, que ce soit le monde du travail, associatif, ou même les communautés en ligne autour d’un centre d’intérêt. Pour que ces petites sociétés puissent prendre chair et atteindre une partie de leurs raisons d’être, il faut des membres qui aient envie de donner de leur temps, donc de croire en une certaine idée du progrès.
Le rapport avec la vivance ? L’importance des chaînes de transmission au sein de ces organisations. Le rôle des animateurs de communauté, de la gouvernance également afin de produire du sens, mobiliser les troupes, produire du futur en somme.
Pourtant, mobiliser des groupes autour d’une logique de recherche de la victoire contre un autre groupe semble plus facile, plutôt que de se concentrer sur un débat plus profond. Ce qui conduit à un paroxysme notamment aux Etats-Unis, avec des logiques partisanes où les membres sont aveuglés par leurs ressemblances plutôt que par le but de leur association.
Un véritable défi quand on constate à quel point les plateformes social media ont aidé à polariser les débats pendant plus de 15 ans ; le bouton “dislike”, supprimé de la plateforme YouTube en décembre 2021, a sans doute représenté le premier symbole d’une prise de conscience de la toxicité des positionnements binaires. TikTok n’a eu de cesse récemment de tenter de se positionner sur l’éducation, tandis que Meta lance des fonctionnalités afin de laisser les creators animer en profondeur leurs communautés à travers des bulletins diffusés à travers un outil de messagerie. Le retour des formats longs, de schémas narratifs plus élaborés. Peut-être une façon de se reconnecter avec des jeunes finalement très réalistes d’après l’étude #MoiJeune, en demande de concret : 98% préfèrent avoir des amis réels contre 2% des amis dans le metaverse.
« Ni rire, ni pleurer, ni haïr, mais comprendre. » - Spinoza
Une demande de concret et de réponse qui interroge : si les jeunes sont très conscients qu’on leur assène des vérités biaisées via les “influenceurs”, ils sont aussi très enclins à suivre des outils sans nécessairement comprendre la façon dont ils fonctionnent : 64% préfèreraient suivre les conseils de ChatGPT contre 31% les conseils d’un influenceur.
Les figures “solides” sont loin d’avoir disparues : 73% préfèrent voir un médecin pour un diagnostic plutôt que de se faire scanner par un logiciel. Il faut vite relire Spinoza et prendre un Doliprane. L’étude complète est à télécharger ici.
L’expression de la semaine : “Happy Hours”
En Afrique du Sud, les fournisseurs d’accès à internet ont lancé des offres “happy hours”, en réduisant les tarifs des données à partir d’une heure tardive, poussant les populations les plus pauvres à surfer la nuit.
Conséquences : des problèmes de santé publique ainsi qu’une recrudescence des vols. Une triple peine pour certaines populations.
Les liens épatants
Vous avez ce que c’est que le speedrun ? Un challenge afin d’atteindre le plus rapidement possible la fin d’un jeu vidéo. Vice a suivi une des pionnières en France, Elise Estienne.
Vanessa Friedman, l’une des plumes les plus reconnues de la planète mode, annonce non sans une certaine ironie le grand retour des vêtements qui…se portent à l’occasion de la Fashion Week de New York (surtout chez Proenza Schouler, Fforme et Eckhaus Latta). Avec comme argument principal que le vrai luxe, c’est de se concentrer sur des habits pour nous, dans nos sphères privées, et pas pour briller sur les réseaux sociaux. Vivance particulière contre vivance publique, un sujet de fond !
…à bientôt ! N’oubliez pas de partager, commenter, “liker” !